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journal de Michèle Ebongue

J’en ai marre de Douala, cette ville poubelle

16 Octobre 2017 , Rédigé par Ebongue Michele Publié dans #société

J’en ai marre de Douala, cette ville poubelle

Les ordures ménagères font la loi dans la capitale économique camerounaise dans l’indifférence totale des autorités administratives et des populations. Comme moi, pincez le nez avant de traverser certains carrefours. 

Le poumon économique de mon pays pue. Les odeurs augmentent de jour en jour. Si c’est le cas en saison des pluies, quand sera-t-il en saison sèche ? En toute honnêteté, la ville de Douala est sale. Elle me donne la nausée. Quand je parcoure la plupart de ses quartiers, même les plus respectés, je vois comment des ordures qui pouvaient bien se retrouver dans les bacs, inondent les chaussées. Les rues quant à elles manquent d’entretien.

En principe, elles devraient être balayées, comme dans ces pays dirigés par des gens normaux. C’est ça Douala. Cette ville qui m’est si chère. Où j’ai poussée mon premier cri, il y a une vingtaine d’années. C’est vrai, mon quartier ne déroge pas à la règle. Pourtant il est occupé par des millionnaires et milliardaires en FCFA. En tout cas je n’ai pas honte de le crier sur tous les toits : « Douala, tu dois faire ta toilette, c’est même quelle malchance ça hein ! ».Je le fais parce que j’espère que ça va changer un jour. Qui sait ? Peut être que c’est ce billet qui éveillera les consciences ? En tout cas moi j’y crois.

Hommes poubelle!

Douala, ville sale. Oui, la ville est sale parce qu’il n’y a pas de toilettes publiques et que même les bars qui ouvrent tous les jours, mais surtout en période de fêtes de fin d’années, n’en possèdent pas. Conséquences, les saoulards et les apprentis saoulards se soulagent dans les rigoles ou en bordure de routes. Je n’exagère pas hein, c’est ce qui se passe.

Voilà décembre qui approche. Je vous invite à parcourir les alentours des débits de boisson. Vous confirmerez la vraie sorcellerie par vous-même. Du coup, les caniveaux sont devenus des dépotoirs, des lieux de décharges. Et je suis sûre que c’est d’ailleurs la raison pour laquelle les moustiques  ne cessent de croitre leurs étangs. Je vous assure que même les insecticides ne valent plus rien de nos jours. Il y en a qui font même grossir ces derniers.

Un moustique sur une peau humaine

Je ne vous raconte pas des conneries, c’est la stricte vérité. Après pulvérisation, certains moustiques nagent dans le bonheur. Je me demande même quels produits on nous vend déjà ? Je ne sais pas si ce sont des insecticides ou « des insectgrassides ». Tellement ceux là s’engraissent ! On dirait que les insecticides leur donnaient plus de volume, et  que le sang humain était juste un passe-temps. Une façon de se rappeler qu’ils ont besoin de cela pour développer leurs œufs avant la ponte. Et parait-il que chaque "repas" de sang va  permettre aux moustiques de pondre entre 100 et 200 œufs.  Mince ! Imaginez ce que ces œufs peuvent produire comme paludisme. Un véritable calvaire.

Dans ces rigoles, on  trouve tout type d’ordures. Et comment ne pas, vu que les populations les ont transformés en fosses sceptiques. Du  vrai n’importe quoi. Vous vous demandez si j’habite dans un égout ? Non, très chers, je suis dans un quartier dit résidentiel de la ville. Je parle de mon Bonapriso natal. Ne vous fiez pas aux grandes barrières d’ici. Elles cachent tellement de choses. La meilleure, c’est que même les plus grandes cliniques, les boulangeries, les restaurants et les snack-bars ne sont pas épargnés. Personne ne veut faire appel aux agents d’assainissements pour des vidanges. Une mauvaise habitude que même les expatriés de ce quartier ont  adoptée. Allez-vous-même faire le constat. Vous allez toujours voir des regards dans des jardins extérieurs de maisons (pour ceux qui en ont), soit juste avant les caniveaux. Vérifiez, vous me rendriez compte.

Sensibilisation

Jusqu’à quand va-t-on donc sensibiliser les populations ? Les mêmes discours, les mêmes scénarios. Je suis déjà fatiguée. Je n’en peux plus. Surtout que ces puanteurs génèrent des maladies pulmonaires. Je ne suis pas médecin hein, j’ai aussi seulement lu cela quelque part. Je vous mets juste en garde. Pour que vous aussi, vous sensibilisez les autres. Me voici qui passe encore par ce moyen, la sensibilisation. Subitement, je me souviens d’une scène qui m’a amusée, alors qu’elle ne devrait pas. Hysacam, la société en charge du ramassage d’ordures ménagères, avait fait près de trois semaines sans vider les poubelles dans mon quartier.

J’attendais alors le jour de leur passage avec impatience. Je voulais que ses agents m’expliquent ce qui n’avait pas marché cette période là. Sauf que je jour-j, un voisin m’a devancé. « Pourquoi vous ne passez pas depuis ? » a-t-il demandé poliment. C’est vrai que si c’était moi qui posais la question, je n’allais pas être aussi raffinée. Tellement j’avais la rage. Sans hésiter, un agent de la société lui a lancé cette question en plein visage: « vous nous donner quoi ici pour qu’on vienne ramasser vos ordures ». Alors qu’ils sont payés pour ça. Faut-il en rire ou en pleurer ? Je me demandais comment quelqu’un pouvait faire près d’un mois sans travailler dans un quartier pris en otage par des ordures et répondre de la sorte.

Je m’attendais à ce qu’il dise par exemple que la société leur devait de l’argent, où qu’elle enregistrait un manque d’employés ou d’engins. Afin, qu’il le dise d’une autre manière, de façon plus polie quoi ! Mais il a lâché son « vous nous donnez quoi ici » sans aucun scrupule, comme si c’était normal. Pire, comme si les populations devaient contribuer pour sa paye à la fin du mois.

Les grands jours de bluff

Comme toujours, on va attendre qu’il y ait de grands événements pour rendre la ville propre, la rendre attrayante. Dans tous les cas, le moment est proche, vu qu’il va commencer avec les fêtes de fin d’années où la Communauté urbaine de Douala (Cud) va mettre les petits plats dans les grands. La ville sera aérée, les grands carrefours seront parés de guirlandes, les poteaux électriques, les murs et même les troncs d’arbres seront peints en blanc pour accueillir la nouvelle année.

Douala après sa toilette

Un peu comme ces religieux qui vont à l’église une fois l’an, précisément le 31 décembre. Ils attendent le nouvel an,  pour souhaiter une bonne et heureuse année à leurs voisins de banc qui sont comme eux, vêtus de blanc. Selon les spécialistes, ils ont « la couleur de la sainteté » sur eux. Même si la soirée s’achève dans des bars et autres lieux de plaisir. Leur façon à eux de rendre grâce à Dieu pour l’année écoulée. Ça peut paraitre drôle, mais ce n’est que pure vérité. Seulement, quelques semaines après la célébration de l’année nouvelle, la ville retrouvera son aspect d’avant. Vieux et lugubre.

C’est vrai que j’exagère un peu, mais c’est parce que j’en ai marre. Marre des autorités qui ne font pas leur travail, marre des populations qui n’ont aucun sens de l’hygiène et de la salubrité et marre de ceux qui ne disent rien, comme si tout allait pour le mieux. Moi je joue ma partition. La preuve, j’écris et vous lisez. Faites également votre boulot, dénoncez, critiquez,  appréciez, sensibilisez tant que vous le pouvez, en espérant que Douala  sera définitivement débarrassée des poubelles.  

Michèle Ebongue

 

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