Boude autour de l’instauration du pagne de la fête de la jeunesse

Enseignants et parents d’élèves ne sont toujours pas optimistes face à cette nouvelle institution.

Après la journée internationale de la femme, c’est le tour de la fête de la jeunesse d’adopter un pagne consacré à l’événement à célébrer. Un phénomène qui ne laisse personne indifférent. En effet, la prochaine édition de la fête de la jeunesse (le 11février prochain Ndlr) sera célébrée avec une touche d’originalité. Écoliers, élèves, étudiants et encadreurs devront défiler avec un nouvel uniforme. Le pagne consacré au dit événement. C’est ainsi que le port des tenues de classe laisse place à celui du tissu pagne où quatre couleurs ont d’ailleurs été conçues pour la circonstance. Le vert pour les écoles primaires, le rouge pour les établissements d’enseignement secondaire, les écoles normales, les centres de formation professionnelle et les associations de jeunes, le jaune pour les établissements d’enseignement supérieur et le bleu pour les superviseurs du défilé. Et c’est au prix de 6.900fcfa pour six yards, 3.450fcfa pour trois yards et 2.300fcfa pour deux yards que revient ce tissu.

Malgré son caractère non obligatoire, les parents d’élèves n’adhèrent pas à cette innovation qu’ils traitent de supercherie. "Que le gouvernement laisse d’abord les enfants fréquenter, ils vont s’habiller après", laisse entendre ce parent. "En début d’année scolaire, nous sommes contraints d’acheter la tenue de classe. Maintenant c’est celle de la fête de la jeunesse?" s’interroge un autre. À cela, l’on constate que plusieurs parents ne sont pas encore au courant de cette innovation. Innovation qui vient d’ailleurs marquer la célébration du cinquantenaire de la fête nationale de la jeunesse qui a changé de nom pour la fête de la jeunesse.

Le point de vue des enseignants

Pour certains enseignants de la cité économique, l’institution du pagne pour la fête de la jeune est une bonne initiative. Elle pourrait par exemple signifier "la volonté du gouvernement à ce que les jeunes soient un, unis, solidaire et prêt à combattre l’ennemi", croit savoir Philippe Hona, enseignant. Pour lui, ce pagne serait plus qu’un bout de tissu. Il serait alors l’uniforme par lequel les jeunes se reconnaitraient. Un moyen par lequel ne passera pas Boko Haram, surtout que les acteurs des attentats sont davantage de jeunes gens, a-t-il ajouté. Toutefois, ce qui devrait être bon finira par devenir mauvais, a poursuivi notre interlocuteur. L’instauration du pagne qui est l’une des multiples innovations de ce cinquantenaire de la fête de la jeunesse se transformera à coup sûr à une arnaque. Car, une catégorie de personne se remplira les poches, a-t-il conclut. La véritable incongruité ici reste le volet vente du pagne, pourtant devrait être gratuit, apprend-on. Les raisons de cette gratuité sont évidentes. "Les concernés ne travaillent pas", indiquent certains enseignants. Selon ces derniers, même les frais de couture devraient leur être offerts. D’où l’énonciation d’un problème financier auquel le gouvernement lui-même s’est prêté, croient savoir ces dispensateurs du savoir.

Ainsi, ni les établissements privés, ni ceux du public ne sont encore fixés sur le déroulement de la fête. Aucun chef d’établissement n’a encore tenu de réunion concernant la fête en elle-même, apprend-on. Dans les lycées, l’on attend une note de la hiérarchie, c’est pourquoi on n’en parle pas encore", confie Frederick Nyenga, surveillant général des secondes au Lycée Bilingue de New-Bell. Dans les écoles privées par contre, le souci est ailleurs. "Pour le moment, c’est le solde de la pension qui nous préoccupe", confie Philippe Hona. "Si on se permet d’évoquer le cas du pagne, ce sera l’occasion rêvée des parents pour ne pas terminer le paiement des frais de scolarité", conclut-il.

Michèle Ebonguè